dimanche 12 août 2018

Blade Runner 2049



J'ai hésité longtemps avant d'écrire sur Blade Runner 2049. Plusieurs raisons m'ont fait hésiter. Tout d'abord mon amour inconditionnel pour le film de 1982 de Ridley Scott. Ensuite le fait que ce soit un québécois qui réalise la suite et pour finir, je suis un fan fini de Philip K. Dick qui est le grand penseur derrière la philosophie des deux films Blade Runner. Mais bon, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, voici donc mon appréciation du film!
Pour ce visionnement, je m'étais préparé. J'ai regardé le premier film, la version finale. Relecture du bouquin Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Écoute des trois courts-métrages sur la période entre le premier et le deuxième et beaucoup de Vangelis dans ma voiture! Mon esprit était Dickien, ma pensée était fusionnée avec les concepts de la réalité et de l'humanité. J'étais prêt! Ce film, je l'attendais depuis longtemps, je l'appréandais aussi. Me voilà donc parti avec quelques amis au cinéma. La musique de Tron : Legacy jouait dans la voiture, je me remémorais les scènes importantes du film de 82, le dialogue extraordinaire de Roy Batty et ma boîte à empathie était prête pour me connecter avec Mercer (je divague un peu là!)
Le film commence et je suis complètement absorbé dans cet univers de cyberpunk. 2h45 de rêve, d'immersion complète dans ce monde dystopique au reflet onirique. Un visuel à couper le souffle qui laisse dans son sillon tous les autres films de SF des 25 dernières années. La photographie de Roger Deakins est tout simplement géniale. Elle met les bases du monde pensé par Dick mais conceptualisé par Scott et Villeneuve. Les effets visuels sont sans fautes et représente très bien ce qu'est le cyberpunk. Que dire de la musique. Reprendre le flambeau d'une des plus grandes bande originale de film de l'histoire n'est pas chose facile. Bien que Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch ont réussi, en se basant sur le travail de Vangelis, à créer une ambiance musicale pour coller le spectateur sur sa chaise tout au long de la représentation. Par contre, elle ne dépasse pas celle du premier à mon avis.
La distribution est parfaite. Ryan Gosling nous sert une performance sans émotion physique dans le rôle de l'officier K. Le côté psychologique de ce personnage est fabuleux. Quelqu'un qui est à la recherche de son identité propre qui espère être unique et spécial. Une extraordinaire quête de soi dans un futur où la réalité d'un individu dans la société n'est plus certaine.
Jered Leto y joue un digne remplaçant de Eldon Tyrell dans son rôle énigmatique de Neander Wallace, fabricant de réplicants aux objectifs aussi nébuleux que son identité! Robin Wright dans son rôle du lieutenant Joshi. Un personnage très humain dans cette société qui l'est de moins en moins. En parlant d'irréel, Joi, l'IA jouée par Ana de Armas est géniale. Elle vient mélanger les cartes du questionnement sur l'humanité si important à Dick. Sylvia Hoeks, Luv, en réplicante exécutante des bases oeuvres de la Wallace compagnie ne laisse aucune doute sur sa nature. David Bautista complète très bien le tout avec son réplicant plus vrai que nature.
L'histoire de Blade Runner c'est avant tout d'essayer de répondre à une seule et unique question : Qu'est-ce qu'être humain? Dick était obsédé par cette question, elle a teinté toute sa carrière d'écrivain et dans les deux films, les réalisateurs ont essayé d'y répondre. Le film de Denis Villeneuve va encore plus loin que son prédécesseur en essayant d'y répondre en y insérant une variante supplémentaire, l'intelligence artificielle. K, le réplicant, Nexus 9, summum de l'ingénierie de Wallace compagnie. Un être obéissant, qui ne peut mentir, ne peut dévier de ses ordres, possédant des souvenirs implantés, il représente l'esclave parfait dans les mains de l'homme. Son créateur, Wallace, joue à Dieu en essayant de créer le réplicant parfait. Les deux sont à la recherche de quelque chose, un tout qui pourra les élever, les révéler. Pour K, c'est l'humanité. Pour Wallace c'est d'être l'égal de Dieu. Cette quête existentielle est racontée par Villeneuve de façon magistrale. Dans une LA encore noire mais qui commence à s'ouvrir sur un avenir plus éclairé, K cherchera les réponses lors d'une enquête sur un miracle qui c'est produit et qui concerne les réplicants. Je n'en dirais pas plus, pour ne pas divulgâcher l'histoire.
BR2049 est une oeuvre magistrale, contemplatif, lente, questionnant qui demande un effort intellectuel constant pour bien saisir le profond questionnement Dickien autour duquel il est construit. Un brillant hommage au film de Scott avec la touche magique de Villeneuve. Une suite qui poursuit l'aventure dans ce futur qui est beaucoup plus proche que nous pouvons penser. 2h45 de rêve qui implique un dur retour à la réalité. Un film qui va passer à l'histoire car il est ce que la SF peut nous offrir de meilleur. Villeneuve est un réalisateur de l'humain. Dans tous ses films, il parle de nous. Blade Runner 2049 ne fait pas exception à cette affirmation bien que, ici, l'humain n'est peut-être pas si humain. Je crois sincèrement que ce film, deviendra l'égal du premier. Un film au statut de culte.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire